Cet article est volontairement provocateur. Car, enfin, quoi : tous les dix ans, au rythme de grandes messes soigneusement orchestrées, la planète sort de sa torpeur écologique et découvre que la croissance a un coût environnemental. Tout ça pour mieux s'assoupir après quelques vagues promesses faites et l'extinction des projecteurs. Et c'est reparti pour une décennie pendant laquelle les arguments écologiques ne sont ressortis de leur tiroir que si et seulement si ils servent à consolider un avantage commercial.
C'est une double hypocrisie. Pour la dénoncer, il convient de promouvoir un nouveau concept : celui du développement du... râble. Le sens le plus commun de ce mot désigne, tout le monde le sait, le bassin des lapins qui sert d'indicateur relativement fiable de la santé de cette espèce. Mais on oublie souvent que le râble c'est aussi un instrument qui vise à éliminer les impuretés de certainsÊmatériaux. Ces deux sens du mot nous semblent devoir être remis à l'honneur pour que la bonne conscience des uns ne serve pas à masquer l'appauvrissement croissant des autres.
Commençons par la dimension culinaire de notre nouveau concept. Qui a décidé que le développement durable devait se limiter à l'écologie ? Certes, le rapport Bruntland (1987), acte de naissance officiel du mouvement en faveur du développement durable, faisait la part belle aux préoccupations environnementales. Mais il faut revenir à la définition de départ du développement durable : un développement qui ré