A force de n'être jamais sûr, le pire devient probable. Voilà vingt ans que se succèdent réformes et imprécations pour un service public «fort». Vingt ans que les PDG de France 2 et France 3 s'efforcent de rester dans la course audiovisuelle sans trop recourir au dopage de la télé-réalité ou de magazines libidineux. Vingt ans que sont évoqués les «missions» et «statuts» d'une télévision publique sommée de répondre à tout et son contraire. Autant d'années que la vocation de cette héritière des dépouilles de l'ORTF taraude ministres et législateurs, avec, pour principal effet, d'avoir installé ces chaînes dans un état de génuflexion politique permanent. Un état de dépendance affective et financière qui mine l'ensemble du système public. Un état qui ne se traduit plus par la censure d'autrefois mais, dans la gestion administrative comme dans l'élaboration des programmes, par l'hypertrophie de réseaux, de clans et d'influences en orbite autour du pouvoir, quel qu'il soit. Un mondain et savant mélange où cousinages énarchiques, proximités fraternelles et parentés militantes l'emportent trop souvent sur une approche sereine de la télévision, de son rôle en général et de l'intérêt du téléspectateur en particulier.
On pouvait imaginer que le nouveau gouvernement, après cinq ans de studieuse impatience, avait eu le temps de réfléchir aux enjeux. De se pencher sur les effets d'une redevance inadaptée, le crash Vivendi, l'avenir du numérique, les bouquets satellitaires, les hypothèses d