Comment faut-il le regarder, cet énième avatar d'un T-shirt appelé à comparaître devant le tribunal correctionnel, après avoir avivé l'intérêt de la maréchaussée d'abord, du parquet de Bobigny ensuite, et du ministre de l'Intérieur enfin lequel aurait, dit-on, personnellement déposé plainte ? Siglé BAK (marque déposée), pour «Brigade anti-keufs» sur le modèle des trop fameuses Brigades anticriminalité et à l'effigie de deux balles de revolver, il fait l'objet d'une information judiciaire (Libération de samedi), tels avant lui ces textiles ornés d'une feuille de cannabis qu'un ordre sourcilleux interpréta comme apologétique. Outrage, donc, comme en leur temps certains rappeurs invitant leur public à niquer leur mère avant que la police (car c'est le destin de l'OEdipe d'emprunter des chemins tortueux). Outrage contre l'orthographe, suggéreront quelques puristes las de voir partout décliner en initiale ce K censé connoter une kulture «banlieusarde» encore exacerbée par la mode des textos téléphoniques, à la sémantique minimaliste. Le propriétaire de la marque BAK peut ainsi plaider que le K de son sigle milite activement et pêle-mêle contre la Kocaïne, les kaillassages et la konnerie en général. Comme chez nombre de ses congénères, son génie taré, au lieu de détourner les inepties publicitaires en slogans de combat, transforme les trouvailles de la rue en slogans publicitaires (1) pour y consacrer le triomphe des marchands.
A ce propos, la justice de son pays serait bien