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Critique

L’Allemagne par-delà le mal

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Après une salve d’ouvrages sur le supposé péril allemand, voici trois points de vue judicieux sur la réalité de notre voisin d’outre-Rhin.
publié le 4 septembre 2002 à 0h51

Les amis de l’Allemagne sont de retour. Après la série noire de 1998-1999, où quantité de livres semblaient s’être donnés le mot pour décrire un péril allemand très imaginaire, les éditeurs français ont retrouvé un intérêt pour l’Allemagne telle qu’elle est et telle qu’elle se transforme. Alfred Grosser, l’infatigable prêtre de l’amitié franco-allemande, a repris la plume et passe au crible l’Allemagne de Gerhard Schröder. «Différente» mais «semblable», elle est restée cette Allemagne, malgré la réunification, malgré le retour du gouvernement à Berlin et malgré les gros sabots parfois chaussés par Gerhard Schröder sur le parquet diplomatique, nous rassure-t-il d’entrée.

Malgré un demi-siècle d'inlassables efforts d'explication, c'est une Allemagne encore souvent méconnue que décrit Alfred Grosser : une Allemagne qui s'emmêle dans son fédéralisme, qui a de graves ratés économiques, d'insupportables défauts comme la «juristerei», le «pinaillage juridique», mais une Allemagne riche aussi d'insondables ressources, comme celle de l'engagement bénévole. Aux Français qui auraient toujours du mal à apprécier une Allemagne redevenue pleinement souveraine, Alfred Grosser rappelle que les progrès de l'intégration européenne, rendent ce pouvoir bien relatif. «Déjà, en 1990, une décennie avant l'euro, les transferts de compétences aux instances européennes étaient tels que la notion de pleine souveraineté n'avait plus aucun sens pour l'Allemagne réunifiée, pas plus que pour les autres Eta