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Libération
TRIBUNE

A l'école du mérite et du métissage

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par Laurent DANCHIN
publié le 5 septembre 2002 à 0h52

Alors qu'il avait su pendant longtemps jouer son rôle de brassage social dans une banlieue ouvrière écartelée entre ses quartiers résidentiels, ses HLM et ses «cités de transit», le lycée (ZEP) où j'ai enseigné trente ans s'est brusquement effondré au cours des dernières années, miné par la ghettoïsation. Aujourd'hui, la grande majorité de ses élèves, tous français, proviennent des «quartiers» ou vivent en logements sociaux. La plupart sont d'origine maghrébine, et donc de culture musulmane, arabe ou berbère (tamazight), les autres franco-africains ou antillais, plus rarement asiatiques, la plupart des «Blancs», et même certains Franco-Portugais ou Espagnols, ayant joué avec les options rares (le japonais par exemple !) pour émigrer vers les communes voisines.

On connaît les effets pervers d'un tel état de fait : développement des incivilités plus encore que de la violence, substitution du rapport de force aux normes de la politesse, dévaluation des modèles scolaires par attrait de l'argent facile, usure des enseignants, surnotation ou faux niveaux, absentéisme, transformation des écoles en lieux de rencontre, centres de loisirs, etc. Mais on ne souligne pas assez à quel point cette situation est néfaste d'abord pour les élèves eux-mêmes, qui perdent une occasion de se mélanger et de sortir des frontières de leur enfermement. Cette régression de la mixité sociale peut-elle être atténuée par une intervention autoritaire de la loi ? A court terme, cela paraît peu vraisemblable