Dans Turandot, l'opéra posthume de Puccini, trois hauts dignitaires de la cour impériale chinoise tentent de trouver des solutions pour éviter des issues sanglantes et le désordre dans l'Empire. Ils s'appellent Ping, Pang et Pong et portent des masques. Au PS, ils se nomment François Hollande, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, et agissent à visage presque découvert. De leur entente ou non, de leur réalisme ou de leur égoïsme, dépend l'avenir du PS : devenir un grand parti de gauche moderne, force dominante d'une alliance parlementaire candidate à l'alternance, ou bien retomber dans les batailles de clans, les luttes d'appareils et les surenchères idéologiques pour entamer alors une longue traversée du désert.
Les deux hypothèses sont aujourd'hui aussi vraisemblables l'une que l'autre. Le syndrome du congrès de Rennes où l'on vit une secte politique se suicider symboliquement devant les caméras menace de nouveau. L'alliance conclue entre Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon et Julien Dray (après quelques contorsions caractéristiques) annonce un retour en force du mollétisme. Dans la France du XXIe siècle, on voit soudain resurgir au sein d'un parti réformiste de gouvernement la phraséologie de la rupture, une vision de classe digne des années 70 et toutes les commodités d'un maximalisme qui feint d'ignorer l'existence de l'économie de marché, fait l'impasse sur l'intégration au sein de l'UE, oublie froidement tout ce que la social-démocratie a appris, non sans mal, dep