Le Centre d'études et de recherches internationales (Ceri, Sciences-Po) organise aujourd'hui, en collaboration avec Libération, le colloque «Penser le 11 septembre». Il sera intégralement retransmis sur France Culture dans la nuit du 11 au 12 septembre. On lira ci-dessous la contribution d'un des participants, dernière d'une série publiée dans ces pages depuis une semaine.
En dépit de son caractère spectaculaire, violent et professionnel, le 11 septembre n'a pas véritablement introduit de rupture dans l'ordre du monde. Parce que celui-ci est devenu excessivement fluide, il paraît, tel un torrent déferlant, pouvoir poursuivre son parcours erratique en emportant dans sa crue attaques terroristes, chocs financiers, manipulations comptables et guerres civiles, guerres de la terre comme au Proche-Orient en attendant celles de l'eau et de l'air.
Mais dire que le 11 septembre n'est pas un événement fondateur au sens d'un avant et d'un après (comparable à l'après-prise de la Bastille, l'après-guerre ou l'après-guerre froide), ne saurait nous conduire à en minorer l'importance. Le 11 septembre est à la fois le «cinquième élément» de la mondialisation en même temps que le révélateur de son incapacité à faire système. Celle-ci reste fondamentalement dépourvue de grammaire politique ou si l'on préfère de principe d'ordre. Au mieux amalgame-t-elle plusieurs syntaxes : la marchande, la cosmopolitique et la nationale qui ne font pas résonance entre elles. Le 11 septembre complète le tabl