Menu
Libération

L'enfant rose d'André Gide

Article réservé aux abonnés
publié le 12 septembre 2002 à 0h57

Et tandis que, circonspect, on scrutait hier le ciel anniversaire en se demandant si l'on se sentait plutôt «tous américains» que «tous gardois» (héraultais, vauclusiens...), un rayon de soleil perça, qui prit la forme d'un livre ; en l'occurrence, les épreuves d'une brève nouvelle d'André Gide, intitulée le Ramier, dans la collection blanche de Gallimard et qui sera distribuée en librairie le 25 courant. Gide y conte cette nuit du 28 juillet 1907 lors de laquelle il rencontra et aima Ferdinand, adolescent de quinze ans que «l'aventure de l'amour faisait roucouler si doucement dans la nuit» ­ d'où le titre. On ne déflorera pas ici l'excitation prévisible des censeurs, à la lecture d'un texte que leur morale (pas la nôtre) ne manquera pas de qualifier de pédophile. Le nom de Gide attirera leur attention mieux qu'un bandeau écarlate, même s'il ne sera pas mauvais que le sous-ministre de la Famille, Christian Jacob, découvre enfin sans pression les beautés de la littérature... Contentons-nous de noter que Gallimard a agrémenté cet inédit, outre d'un avant-propos de la fille de l'auteur (Catherine Gide y précise que «toute perversité en est totalement absente»), de préface et postface érudites et prudentes. On se prit alors à rêver que le Ramier constituât la réponse tardive, mais sereine, hautaine et définitive de la rue Sébastien-Bottin à l'affaire que lui font «des épiciers et des notaires». C'était se leurrer. Hic et nunc, la publication du Ramier n'est pas le fait d'une déc