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6 700 milliards de dollars partis en fumée ?

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publié le 16 septembre 2002 à 0h59

Certains analystes ont voulu estimer les pertes encourues par l'économie américaine ­ du fait de la crise financière ­ en se fondant sur la diminution observée dans la capitalisation boursière depuis son pic de mars 2000. Ils ont avancé le chiffre de «6 700 milliards de dollars de richesse envolée en fumée», soit approximativement deux tiers du PIB américain. Cette estimation est impressionnante. Mais que signifie-t-elle réellement ? Ce chiffre mesure-t-il le stock de capital physique mis à la casse durant cette période ? Nullement. Certes, il y a eu des faillites, mais la majeure partie du capital productif est demeurée intacte. En fait, ce que mesurent ces 6 700 milliards, c'est de combien a diminué l'évaluation par le marché d'un capital resté globalement inchangé. Voilà qui peut nourrir la perplexité. Si la capacité productive américaine est demeurée à l'identique, en quoi cette économie peut-elle être considérée comme moins riche ? Le plus souvent, ceux qui pensent ainsi ont à l'esprit les pertes subies par ces investisseurs malheureux qui ont acheté au plus haut pour revendre au plus bas. De telles moins-values sont indéniables, mais ce raisonnement doit être complété. En effet, si ces individus ont pu acheter au plus haut pour vendre au plus bas, c'est parce que d'autres individus ont vendu au plus haut et acheté au plus bas, de telle sorte que les gains des seconds compensent exactement les pertes des premiers. Autrement dit, si l'on considère le marché dans sa total