Crime de légèreté, crime de l'humour, de quoi a-t-on fait le procès, un 17 septembre ? D'une envie irraisonnée que Michel Houellebecq a eue de monter sur un tonneau, en tirant sur ses bretelles, pour dire un sentiment populaire, basique, et peut-être affreusement réaliste, dont on n'est pas spécialement fier ? Michel Houellebecq a comparu au motif d'incitation à la haine raciale. L'accusation pourrait faire rigoler si elle n'était pas si grave, dans une ambiance très lourde de conflit idéologique. Michel Houellebecq n'a rien d'un agitateur. L'homme, discret, voire sombre, s'éclaire quand il peut exercer son humour. L'humour est pour lui joyeuse délivrance. C'est une façon de se réapproprier son existence quand elle devient trop publique du fait de son succès littéraire. S'il y a offense, elle ne peut être que d'incompréhension, ou de mauvaise interprétation. Maintenant, on l'interpelle, on le somme de se justifier. Il lui faudra accomplir son acte de contrition de long en large pour un propos dont on a forcé les traits pour faire vendre du papier à ceux qui croient Lire, et croient savoir lire, quand il aurait mérité peut-être une bourrade pour cette blague, un peu poivrée il est vrai. Mais cette blague a été anormalement amplifiée, façon embûche de jalousie où l'on précipite le rival chanceux à qui l'on dénie d'avoir trouvé une voix simplement humaine avec toutes ses imperfections terriblement humaines, et ses dérapages possibles.
Michel Houellebecq n'est pas un intellectuel