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TRIBUNE

New York, des fausses jumelles à la place des Twins

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par Anne RAULIN
publié le 1er octobre 2002 à 1h15

Ce que New York et Babylone ont en commun, c'est d'être des cités-empires, rassemblant en leur sein des populations d'une incroyable diversité, dès leurs origines. Mais la ville de l'Empire State se différencie de la cité antique en ce qu'elle possède une infinité de tours là où Babylone érigeait la seule Babel, unicité qui provoqua le courroux de Dieu, seul unique. New York célèbre ainsi dans son architecture la multiplicité, et résiste à la tentation de la fusion et de la confusion. Cette façon d'accorder sa personnalité singulière à chacun de ses innombrables gratte-ciel, voilà ce que l'on aime en elle ­ et les Twin Towers s'inscrivaient dans ce paysage tout en le dérangeant par leur extrême ressemblance.

Ce qui explique ce kaléidoscope de populations et de styles, c'est la force d'attraction de ce port d'immigration et de ce port commercial qui fait que, depuis cinq siècles, du monde entier, on s'y transporte massivement : magnétisme universel, planète en révolution sur elle-même, se régénérant sans cesse, sans baisse de tension, d'intensité...

Ce que changent les attentats, aussi violents que des météorites venues d'un autre ciel, c'est que cette rotation n'est plus imperturbable. New York vulnérable, New York blessé, «we got hit in our own backyard», c'est New York qui n'est plus une île au centre, c'est New York qui ne peut plus se penser sans son double. Double inversé, certes, que cet Afghanistan qui est tout sauf un pays maritime ouvert au large des courants de popul