Deux évidences : la sortie de prison de Maurice Papon ne pouvait que générer des réactions et des manifestations hostiles de la part de toute une partie de la population française. Il eût été naïf d'imaginer autre chose. On ne peut avoir que respect et tendresse pour ceux qui se sentent blessés par cet événement, ce qui devrait inciter l'autre partie de la société, d'un avis différent, à s'exprimer fraternellement pour tenter de faire comprendre pourquoi cette sortie n'est pas critiquable. Car, deuxième évidence : c'est tout simplement la loi qui, par un amendement récent à la loi Kouchner du 4 mars 2002, permet de vider les prisons de ceux qui, au terme d'une procédure d'expertise, sont dans un état qui n'est plus compatible avec la détention. Ce texte tente d'introduire un peu d'humanité même dans le traitement de ceux qui ont montré leur inhumanité. Il s'agit là d'une évolution législative entreprise en France en octobre 1981 avec la suppression de la peine de mort et qui se poursuit dans le but de faire en sorte que la symbolique de la peine vienne progressivement remplacer le châtiment physique.
L'évolution est saine. Jadis, on brûlait, rouait, écartelait les grands criminels sur la place publique, devant la foule rassemblée. Puis, la Révolution a mis fin à ces supplices en coupant le corps des condamnés en deux sur les places de grèves, geste suffisant pour joindre le symbole à l'acte. Cent ans plus tard, on guillotinait devant les prisons, et puis ensuite, à l'abri des