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Libération

La cavalerie

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publié le 9 octobre 2002 à 1h20

Et tandis que les charlatans cravatés, spécialistes autoproclamés de la chose financière, continuent de caqueter comme si de rien n'était (rien : Enron, Vivendi, France Télécom...), Francis Mer, ministre de ces choses et qui n'en pense pas moins, bricole son budget et rigole comme jamais. Son «franc-parler» le protège de tout («franc-parler» : qualité dont on affuble les incontrôlables) et l'autorise à tout. Au point qu'on peut se demander si le bonhomme, qui gère le pays comme une taule, est aussi naïf que la basse-cour des analystes feint de le croire. En deux coups de dés qui jamais n'aboliront les aléas des marchés, Francis Mer a remis de la politique dans l'économie ­ce dont on lui saura gré, même si c'est une bien étrange politique. Depuis qu'un foutu bordel régnant sur les marchés tire à hue et à dia les prévisions de croissance, si tout le monde est dans le bleu, tout le monde peut bien les interpréter à son profit, et Francis Mer aussi. Lui se marre franchement à l'évocation optimissime de 2,5 % et balance benoîtement que, si on lui demandait son avis, ma foi, il parierait plutôt pour un point, un tout petit point, mais bon... Lui-même n'étant qu'un technicien, si Jacques a dit... Puisqu'on rase gratis, on ne va pas lésiner sur les menteries qui font les bons sondages. Et de renvoyer la réduction du déficit à des calendes, en même temps que les engagements européens de Paris aux orties. Bruxelles naturellement s'en est ému (voir Libération du 8 et encore du 9 octobr