Menu
Libération
TRIBUNE

Une mystification

Article réservé aux abonnés
Deux éditeurs interviennent dans la polémique sur l’éventuel rachat de Vivendi Universal Publishing par Hachette.
publié le 9 octobre 2002 à 1h20

Pour soutenir la candidature de Lagardère au rachat de VUP, Hachette Livres a fait donner sa gauche : Monique Nemer, proche de Jospin et conseillère du PDG de Hachette Livres, Jean-Louis Lisimachio et Claude Durand, PDG des éditions Fayard (filiale de Hachette) dans Le Monde. Leur propos est à peu près le même : la solution Lagardère est française alors que les autres options s’appuient sur des fonds de pension américains ; c’est une solution industrielle et non pas financière ; elle permettrait le respect des équipes en place et assurerait aux maisons de VUP l’enviable liberté dont jouissent les éditeurs du groupe Hachette.

Ces arguments cherchent à convaincre le grand public, généralement perplexe devant les opacités du monde de l'édition. Les professionnels, eux, savent bien la catastrophe que serait la constitution d'un groupe qui distribuerait plus de 60 % des livres vendus sur le marché national. Un tel monopole serait tout puissant vis-à-vis des libraires. Il pourrait imposer ses conditions commerciales (remises, délais de paiement) sans que même les plus grandes chaînes puissent résister (ne parlons même pas des librairies indépendantes). Il pourrait favoriser les librairies qui lui appartiennent sans se soucier des récriminations des autres. Il aurait mille et un moyens pour contourner la loi sur le prix unique du livre, ce qui liquiderait la librairie de qualité et, dans un deuxième temps, l'édition indépendante qui cherche encore à échapper à la dictature du marché