Nous sommes arrivés à Moskow le 14 septembre 1812. Nous avons commencé notre retraite le 18 octobre 1812, qui a été le commencement de notre grande misère. L'armée russe [...] avait déjà brûlé les villes, bourgs et villages, le moins à 9 ou 10 lieues chaque côté de la route de manière que nous soyons sans vivre n'y sans espérance d'en avoir pour les hommes n'y pour les chevaux. Les routes étaient interceptées de tous cotés par les Kosaques et l'armée russe. Nous étions toujours enveloppés des Kosaques. Nous sommes arrivés à Smolinki le 12 novembre 1812. Nous avons évacué la ville dans la nuit du 14 au 15 novembre 1812.
Lorsque j'ai été pris, j'étais blessé ; j'avais l'épaule droite démise et un coup de baïonnette dans la cuisse droite. Après avoir été pris, les Kosaques m'ont traité comme des barbares et des lâches qu'ils sont. Après avoir été leur esclave et soumis à eux, ils m'ont fait présent de sept coups de lance, même que j'eus beaucoup de peine à m'en rétablir. Nous avons été pris le 18 novembre 1812, 15 000 hommes. Dans l'espace de deux mois et six jours, nous sommes restés à 500 hommes. De 15 000, ils en ont tué et fait mourir 14 500. [...]
Nous mourrions de faim et de soif. Nous étions obligés de boire de notre urine. Les scélérats qu'ils nous gardaient, comme il y avait beaucoup de bestiaux de crevé dans la ville, des chevaux, des boeufs, des vaches, des moutons et des chiens, ils allaient prendre de ces charognes, qu'il y en avait qui étaient toutes pourries, ils n