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Libération

Ici Napoléon, à vous Clavier

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publié le 15 octobre 2002 à 1h25

Un vaste salon. Christian Clavier en redingote grise et bicorne se regarde dans une glace.

Clavier

Quelle satisfaction de jouer Bonaparte !

A ma vue désormais tout un chacun s'écarte

Et c'est entrer vivant dans quelque Panthéon

Que d'apparaître à tous comme Napoléon.

(Une forte odeur de poudre. Le spectre de Napoléon apparaît.)

Le spectre de Napoléon (à toute vitesse)

Ah ! Che tù inbuffi (1), tu confonds l'huître et l'aigle !

Mécontent... Ma grandeur... Accidenti ! la règle !

Gattivu sughjettu ! Mauvaise imitation !

Calumnione, farceur ! Austerlitz ! Contorsion !

Et veux-tu répéter ce que je viens de dire ?

Clavier

Vous répéter ? Quoi donc ? Majesté, je... euh... sire,

Je dois vous avouer que je n'ai rien compris.

Le spectre de Napoléon (articulant enfin)

Spezia di rubaccia ! vieux kroumir, malappris,

Tu exiges de moi qu'à la fin j'articule,

Tu n'en verras que mieux ton obscur ridicule.

Tu rabaisses d'emblée ma sublime ambition,

Tu n'as jamais perçu le coeur de ma passion.

D'où t'es venue l'idée de singer Bonaparte,

Méritant de Godin (2) une sévère tarte ?

Tu ne m'as pas vu jeune, éclatant, maigre et vif,

Tu marches bedonnant, moi j'étais impulsif,

En un drame bourgeois tu changeas l'épopée

Comme un manche à balai en place d'une épée.

Regarde bien mon oeil ! Sais-tu que j'étais beau,

Avec des mains d'artiste et un nez en corbeau ?

Empêtré d'un fanion sur un faux pont d'Arcole,

Tu confonds Joséphine avec la Périchole.

N'est pas petit qui veut pour se faire assez grand.

Et puis tu estropies ce gredin de Talle