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Libération

L'usine

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publié le 15 octobre 2002 à 1h25

Sept cents. A Cluny, ils étaient samedi quelque sept cents élèves, dont pas mal d'«anciens», de l'Ecole nationale supérieure des arts et métiers, qui défilèrent pour le maintien de leurs traditions lamentables ; dont, en tout premier lieu, celle d'«usiner» le bizut (dans leur jargon, le «conscrit») en le passant au feu, au fer et à leur moule ainsi que de la matière. Leur manif-monôme, alternant un pas glissé et un pas court (frappé, pour rythmer sourdement leurs chants aux harmonies parachutistes), évoquait une file de forçats enchaînés. Elle nous en rappela d'autres, sales souvenirs de jeunes et scolaires années. ', préaux nocturnes de nos internats, que des blouses et des calots arpentaient comme une milice... Des badges et des pin's, telles décorations au buste de vieilles ganaches staliniennes alignées lors de kremlinesques cérémonies, identifiaient dans leurs porteurs de cruels petits kapos. Leurs traques de l'estranger ­ en gros, tous ce qui, n'étant pas de leur caste, se voyait interdire de respirer le même air qu'eux, de lorgner les mêmes jupons ­ finissaient toujours mal. Des pions, des surgés, des censeurs, même, regardaient ailleurs.

Vint, en 1998, cette initiative de Ségolène Royal qui, pour cette fois heureusement inspirée, fit inscrire dans la loi l'interdiction de ces pratiques imbéciles et barbares. «On attaque nos traditions ! hurlèrent alors en choeur les aspirants épiciers, vétérinaires et ingénieurs... Ils ont remis ça ce week-end, rameutant en masse leur