«Dans le monde, il y a deux superpuissances, les Etats-Unis et les agences de notation financière, et il n'est pas facile de déterminer qui est le plus influent.» Ce jugement peut paraître bien excessif si l'on considère que les agences de notation, comme leur nom l'indique, se contentent d'évaluer, à l'aide de notes, la capacité des entreprises et des Etats à rembourser leurs dettes. Ce serait oublier que les marchés financiers sont des marchés d'opinion et que le pouvoir y revient à ceux qui contrôlent l'information et sont capables, de cette manière, de façonner les esprits. Le pouvoir financier moderne est de nature médiatique. C'est essentiellement un pouvoir d'influence et les agences de notation en sont l'illustration extrême : voilà des organismes qui ne gèrent pas de capitaux, qui n'interviennent pas sur les marchés et qui n'émettent aucune recommandation d'investissement, mais dont les seules notes ont un impact bien plus important que celui de n'importe quelle intervention de fonds ou recommandation d'analystes. D'ailleurs, l'agence Fitch dit de ses notes qu'elles sont comparables à des éditoriaux, mais «les éditoriaux les plus courts du monde». Parce que les agences influencent l'opinion de tous les acteurs financiers, actionnaires, banques, elles détiennent la clef d'accès au capital et à la liquidité. Pour prendre toute la mesure de cette puissance, il n'est que de considérer la situation dans laquelle se trouvent les entreprises, hier prestigieuses, qui ont vu
Mauvaises notes pour les agences de notation
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par André ORLEAN
publié le 21 octobre 2002 à 1h29
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