Les chiffres de fréquentation, stable ou en baisse, des établissements culturels, mais aussi le séisme des dernières élections conduisent à mettre en débat la place de la culture dans notre société. Les efforts pour la promotion de la culture ne reçoivent pas un large succès de la part du public. Ils n'ont pas empêché non plus l'extrême droite de perturber le jeu démocratique. Le monde de la culture et de ceux qui s'y intéressent commence à s'interroger : «Rebonds» dans Libération, colloque sur les publics organisé par le ministère de la Culture, dossier dans Télérama, etc.
Certains interrompent assez vite le débat en posant que la démocratie serait menacée si l'on devait conduire une autre politique que celle de démocratisation culturelle. Pour eux, il existe une production culturelle (jugée de qualité) devant être diffusée largement. Il ne faut pas «renoncer au projet culturel car renoncer, c'est aussi renoncer au projet politique de démocratisation», comme l'écrit A.-M. Bertrand à propos des bibliothèques. Les oeuvres à transmettre seraient dotées d'un pouvoir d'émancipation du peuple. L'expansion de la culture de masse ne ferait que renforcer la nécessité de cette émancipation.
Qu'est-ce que démocratiser la culture ? La notion de démocratisation suggère elle-même une différence entre des dominants au goût sûr et universel, et des dominés devant se réjouir de recevoir ce qui serait un bien précieux. Il existerait une hiérarchie entre les oeuvres de l'humanité. Cette représe