Le décès d'un nouveau-né en maternité n'est pas un événement normal et pourtant, régulièrement, des femmes se rendent en maternité pour accoucher d'un enfant mort ou qui va rapidement mourir. Cette mort du tout-petit au moment de sa naissance nécessite, de la part de ses parents et de toute sa famille, un véritable travail de deuil. Il s'agit d'un travail difficile puisqu'il s'agit de faire le deuil de quelqu'un qui n'a pas (ou peu) vécu :«J'ai envie de dire : qui est-on après un tel drame ? Je suis une maman, sans en être une vraiment, et je ne suis pas une maman, tout en en étant une quand même. Je me sens amputée de ce que j'étais avec cet enfant.» Maman de Louis, mort-né à six mois de grossesse.
En effet, bon nombre de ces enfants n'existent que depuis peu aux yeux de la loi (30 novembre 2001) et sont de véritables inconnus sociaux. Tout se passe encore trop souvent comme si «rien ne s'était passé», comme s'il n'y avait pas eu d'enfant. La femme n'est pas mère, elle n'a pas accouché : elle a fait une «fausse couche». Si l'enfant naît mort, il n'a pas obligatoirement de prénom, il ne peut pas être légalement reconnu par son père ni porter son nom. S'il s'agit du premier enfant mort-né d'un couple non marié, sa naissance ne peut pas donner lieu à l'établissement d'un livret de famille. Il n'existe pas (ou peu) de trace tangible de son existence ici-bas, si courte soit-elle. Les corps de ces tout-petits font rarement l'objet de funérailles. Dans ce cas, les textes juridiques