L'essayiste Jeremy Rifkin aime les changements de civilisation. Son cru 2002 nous prépare ainsi à la fin du pétrole avec le livre l'Economie hydrogène. L'Américain est rodé : tous les deux ou trois ans, il nous annonce la fin d'un monde et l'entrée dans une nouvelle ère. Après le best-seller la Fin du travail (1995), il a décliné les grandes secousses de société : le Siècle biotech (1998) aurait pu s'appeler la Fin de l'homme (1) avec son futur bourré de clones ; l'Age de l'accès (2000) évoquait la fin de la propriété avec ses développements sur l'étiolement du rapport à la possession. Cette année, le séisme rifkinien est donc énergétique.
Le point de départ tient en peu de mots. Le pétrole viendra bientôt à manquer, donc qu'est ce qu'on fait ? L'auteur propose d'en profiter tout simplement pour changer la société et se débarrasser de notre vieille civilisation fondée sur les énergies fossiles, avec leur cortège d'embrouilles géopolitiques et leur impact sur l'environnement. Grâce à une recette 100 % écolo qui faisait déjà fantasmer Jules Verne dans l'Ile mystérieuse : l'hydrogène, l'élément chimique le plus répandu dans le monde et qui, associé à de l'oxygène, produit de l'énergie sans rejeter dans l'atmosphère autre chose que de la vapeur d'eau. Si ce phénomène est connu depuis le XVIIIe siècle, il a connu de nombreux développements récents, à tel point que la voiture à hydrogène est souvent présentée comme le futur propre de l'automobile.
Rifkin ne voit pas là qu'une ar