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publié le 5 novembre 2002 à 1h39

Entre l'abbé Pierre et le ministre Sarkozy, l'Eglise catholique balance. Ce balancement n'est hélas que pure rhétorique : au bout du compte, la corporation des évêques penche toujours du côté du manche de la matraque, celle-ci dût-elle prendre la forme d'un pesant goupillon. Cet été, ouvrant grands ses bras et larges les portes de la basilique de Saint-Denis à quelques centaines de Quasimodo et d'Esmeralda, elle semblait renouer avec la millénaire tradition de l'asile. Samedi, de l'église du XIXe arrondissement de la capitale Saint-Jacques-Saint-Antoine, les sans-papiers prétendant l'occuper furent expulsés en quatre heures, à la demande de la hiérarchie catholique. Et entre les deux clochers du 93 et de l'est parisien, on mesura la sorte d'abîme entre deux bulles éclatantes de M. le Pape ­ l'une vilipendant les cruels excès de la mondialisation, l'autre canonisant José Maria Escriva de Balaguer, sainte crapule qui fonda l'Opus Dei. Tartufe, toujours, parle double, et si les voies sont multiples, qui conduisent à la maison du Seigneur, ses voix peuvent tout aussi bien être impénétrables. Ci-devant évêque auxiliaire de Lille, M. Jean-Luc Brunin, que l'AFP sollicita à Lourdes où se tenait dimanche un raout épiscopal, put ainsi ratiociner dans le même prêche que son Eglise «ne lâche pas les sans-papiers», mais qu'«on ne lui force pas la main pour qu'elle soit accueillante». Et de conclure : «Nous ne voulons pas nous laisser enfermer dans une logique d'occupation.» Ainsi faisait