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Libération

Appelons une chatte une chatte

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publié le 9 novembre 2002 à 1h43

Pour le dictionnaire, le porno est «la représentation complaisante de sujets, de détails obscènes, dans une oeuvre littéraire, artistique ou cinématographique». Ah ! Donc la pornographie serait une oeuvre : l'art de la complaisance qui manifeste le goût de faire plaisir, oh oui ! ! ! au même rang que la littérature ou le cinéma !

Obscène : «Qui blesse ouvertement la pudeur par des représentations d'ordre sexuel», «qui choque par son caractère scandaleux, immoral. Exemple : Cet étalage de richesse est obscène.» Les choses se compliquent. On reconnaît que le mot obscène peut désigner à la fois la sexualité, mais aussi quelque chose d'immoral n'ayant rien à voir avec le sexe. Par exemple, exhiber sa richesse à une personne pauvre est obscène, pour le pauvre. Mais montrer sa pauvreté à un riche est obscène, pour le riche. Chacun son point de vue, en somme. Interdisons aux pauvres d'être pauvres, et aux riches de se montrer. Voilà une proposition qui devrait faire plaisir à madame Boutin.

Mais quelle est donc cette bataille que les talibans de la médiocratie tentent de relancer ? Retirer les films à caractère pornographique de la télé dans le dessein de protéger les enfants de la vision «horrible» d'un acte sexuel filmé ? Mais comment fait-on les enfants ? Toujours dans les choux, ou bien dans la sueur d'un accouplement de deux adultes consentants ?... Laissons aux gens veiller à ce que leur progéniture ne puisse regarder ce qu'elle n'est pas en âge de découvrir.

Parce que s'il faut