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Libération

La dialectique du débitant de sperme

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publié le 9 novembre 2002 à 1h43

Pour plagier une formule du plus fulgurant de nos anciens présidents, je dirais que si «la censure tue sûrement, la liberté d'expression peut tuer absolument.» Ce plaidoyer pour cul et bite en pixels et celluloïd est tellement révélateur du seul objectif poursuivi par nos artistes du «dur» ­ la pérennité de leur gagne-pain (de fesse) ­ qu'il eut mieux valu, pour les signataires, que la censure de la presse existât !

S'il est pitoyable que ces commerçants et débitants du derme, du sperme, des glandes et des muqueuses (1), et leurs thuriféraires tout terrain, s'arrogent des vertus de thérapeutes sociaux, il est révoltant, minable et dérisoire qu'ils prennent comme argument central la défense de la liberté d'expression et sèment la «terreur et l'effroi» parmi nos concitoyens (et toyennes) castré (e) s, on le sait, par Anastasia, en invoquant le retour à l'ordre moral. Je ne doute pas que ces prestigieux signataires sachent ce qu'était «l'ordre moral», mais ce dont je doute, c'est de l'intérêt de ces prosélytes de tenter de justifier leur activité artistique. Qu'ils se battent becs et ongles pour continuer à faire du fric avec la face grise de notre moi, c'est leur bourse qui parle. Qu'ils se posent en sauveurs de nos libertés, c'est toute la société qui leur renvoie leur dialectique biaisée dans les bourses.

Jean-Pierre Gambotti (Grenoble)

(1) Muqueuse : mot utilisé par l'un des romantiques signataires de cet article dans les colonnes Rebonds de Libération. A propos de la censure