Voici trois ans déjà que les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze ont décidé que «la Turquie est un pays candidat qui a vocation à rejoindre l'Union européenne». Malgré l'enjeu, il n'y a guère eu de débat public, ni d'explications. Certains Etats membres seraient tentés d'ouvrir bientôt les négociations avec les Turcs. Valéry Giscard d'Estaing, président de la Convention sur l'avenir de l'Europe, où siège la Turquie, s'est prononcé contre cette adhésion. Que doivent en penser les citoyens ? Nous essaierons de répondre à quatre questions simples.
L'Europe est-elle un «club chrétien» ?
Non, l'Union, qui compte des millions de musulmans en son sein, ne saurait reposer sur un ostracisme religieux contraire à la liberté de culte et à la tolérance. Les chrétiens chercheraient en vain dans l'Evangile la justification d'une telle ségrégation ; les héritiers des Lumières ne sauraient faire à Voltaire un tel affront. Fermer la porte à un peuple en raison de sa religion reviendrait pour les Européens à se renier eux-mêmes.
L'Union européenne est-elle un outil géopolitique ?
Oui, mais dans les limites du raisonnable et selon des critères définis par nous-mêmes. La réconciliation franco-allemande, la consolidation de la démocratie en Grèce ou en Espagne, la sortie du communisme en Europe centrale ont effectivement été facilitées et accompagnées par l'intégration communautaire. Les partisans de l'adhésion turque recherchent les mêmes effets bénéfiques. Ils ont raison d'affirmer que la s