Menu
Libération
TRIBUNE

La tentation néo-Restauratrice

Article réservé aux abonnés
publié le 14 novembre 2002 à 1h46

«Une restauration, explique l'historien Eugen Weber, procède de la révolution à laquelle elle succède, qu'elle se définisse contre elle, comme le souhaitaient les ultras, ou bien, comme le proposait Louis XVIII, qu'elle cherche à concilier l'ordre qu'elle représente avec celui né de la révolution» (dans Une histoire de l'Europe, Fayard, 1987, vol. 2, p. 179). N'y a-t-il pas dans l'air du temps, mais aussi dans le discours et les actes du pouvoir actuel, un petit côté Restauration ?

En 1815, le retour de la monarchie constitutionnelle renversée en 1792 venait marquer, tout à la fois, la défaite de Napoléon et la fin d'une période inaugurée par la Révolution. En cet automne 2002, l'installation aux affaires de la droite, après ses succès aux élections présidentielle, puis législatives, donne à certains égards l'image d'une revanche historique sur Mai 68, et sur les années Mitterrand. Il ne s'agit évidemment pas ici de comparer la Révolution et Mai 68, ou Napoléon et Mitterrand, mais de considérer un climat et des pratiques politiques qui, à certains égards, rappellent l'époque de Louis XVIII puis de Charles X.

Il y a d'abord le discours omniprésent à droite de l'autorité, que Mai 68, dans sa frénésie émancipatrice, aurait bousculée au profit de conceptions libérales de l'éducation et de la culture. Dans les années 70, le mouvement de Mai était accusé par la droite restée aux affaires d'avoir ouvert les vannes de la violence. L'obsession sécuritaire, incarnée par le ministre de l