Fort heureusement, ceux qu'il est convenu de nommer «intellectuels» se mobilisent, s'insurgent ou pétitionnent depuis toujours contre des idées ou des actions qu'ils jugent inacceptables, dans les domaines de la littérature, de l'art, de la sociologie, de l'économie ou de la politique. Si la science, source de concepts et de connaissance, séduit depuis toujours les intellectuels, ils demeurent bien frileux dès qu'il s'agit d'évaluer la technoscience, cet appareil industriel pour la maîtrise et l'efficacité économique. Comme s'ils éprouvaient un complexe d'incompétence pour intervenir dans l'univers des techniques, ou comme s'ils estimaient que cet univers ne concerne que les spécialistes. De leur côté, beaucoup de travailleurs et d'industriels de la technoscience s'indignent du fait que la culture les ignore. Ils souhaiteraient plus de considération, ce qui signifie aussi davantage de crédit (s), d'incitations pour éveiller des vocations, pour informer sur leurs missions, leurs succès, leur philosophie. C'est vrai, la culture ne s'est pas emparée des productions de la technoscience mais le plus grave n'est pas l'injustice ainsi faite à une activité qui est une composante légitime de la société. Puisque cette activité mène le monde bien plus que «la culture», on ne peut plus comprendre, analyser, prévoir, sans prendre en compte sa production. Ainsi les intellectuels qui snobent le développement technologique ne peuvent plus vraiment se revendiquer comme tels.
Ne nions pas que