Luc Ferry et Xavier Darcos ne croient plus au collège unique, la droite la plus dure veut sa peau depuis longtemps et les professeurs consultés par sondages n'en veulent plus depuis des années. Les jours du collège unique sont donc comptés et pour la première fois depuis trente ans on va réinstaller une sélection précoce avant même le terme de la scolarité obligatoire. Non seulement dans les faits, mais aussi dans le droit, nous allons revenir au temps supposé heureux où l'école séparait rapidement le bon grain de l'ivraie, au temps où les bons et les moins bons élèves c'est-à-dire souvent les classes moyennes et les autres ne se fréquentaient pas longtemps sur les bancs de l'école. Sans espoir aucun, mais par simple conviction, je crois cependant qu'il faut discuter les arguments et les logiques d'une contre-réforme qui est moins un projet d'école qu'un renoncement.
1) Les classes de collège sont trop hétérogènes, et bien des élèves y perdent leur temps. Sans doute. Mais cette hétérogénéité, inévitable au collège ouvert à tous, est formidablement accentuée par le fait que le collège unique créé par René Haby n'a jamais été conçu autrement que comme le premier cycle du lycée d'enseignement général. Il n'a jamais été véritablement construit par le projet d'une culture commune, et tous les élèves, qui n'en pouvaient mais, n'y ont pas trouvé leur place. De ce point de vue, la France n'a jamais choisi pédagogiquement le collège unique, elle a créé l'assemblage monstrueux du l