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Libération
TRIBUNE

La Route du rhum hors la loi

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par Michel BOUGEARD
publié le 21 novembre 2002 à 1h50

Les skippers, ou plutôt les «pilotes» des Formule 1 de la mer, sont à la peine dans cette 7e édition de la trop fameuse transat en solitaire Saint-Malo - Pointe-à-Pitre. La traversée du golfe de Gascogne, véritable chaudron du diable en période hivernale, ne s'est pas fait sans casse : chavirages, démâtages, collisions et abandons en tous genres ont décimé la flotte des 58 concurrents. Rien de bien nouveau en fait, chaque édition a toujours apporté son lot de fortunes de mer, dont une dramatique en 1978, telle la disparition d'Alain Colas qui a payé de sa vie sa témérité au cours de la première édition.

Plus cocasse fut le numéro de rodéo de Guy Delage en 1982 sous les remparts de Saint-Malo, quand une goupille à 1 euro se brisa dix-huit minutes après le départ ! Son prao, pirogue à balancier, se plia instantanément en direct sous les yeux excités des caméras de télévision. Le résultat fut que la marque Rosières, commanditaire de ce frêle esquif, ne vendit jamais autant de gazinières que cette année-là !

Sans vouloir trop polémiquer et quitte à passer pour un empêcheur de naviguer solitairement en rond, je voudrais que l'on m'explique quel est l'intérêt réel de ces courses en solitaire si ce n'est pour les organisateurs et sponsors, que ce soit la Route du rhum, le Vendée Globe Challenge, la Transat anglaise, la course du Figaro ou l'Around Alone ? Le battage médiatique, savamment orchestré, force le grand public à s'y intéresser. Ce dernier, qui a besoin de mer, rêverait tout