Depuis sa mise en place, le gouvernement Raffarin a pris plusieurs initiatives sur le front de l'intégration : nomination de ministres issus de l'immigration, mise en place d'un contrat d'intégration et création annoncée d'une autorité de lutte contre les discriminations. Il est trop tôt pour savoir si cette évolution sera durable mais la droite marque ainsi un changement par rapport à ses discours et sa pratique des vingt dernières années. Il n'y a pas si longtemps, ses dirigeants abordaient en effet plus volontiers la question de l'immigration en termes d'invasion que d'intégration, et la logique du soupçon à l'égard des étrangers et de leurs enfants l'emportait souvent. Je me réjouis si cette page est enfin tournée.
Dans ce contexte, certains nous disent : «Pourquoi la gauche n'a-t-elle pas fait hier ce qu'annonce aujourd'hui la droite ?» Une évaluation objective du bilan de l'ancienne majorité doit être plus nuancée. Le gouvernement Jospin avait en effet pris des mesures qui s'imposaient en matière d'entrée et de séjour des immigrés et dans le champ de la nationalité : fidèles aux recommandations pragmatiques de la mission Patrick Weil à l'été 1997, les lois Chevènement et Guigou ont sorti l'immigration et la nationalité de la guerre idéo logique. Ayant réussi sur ce terrain miné, le gouvernement n'a pas enclenché la deuxième phase de l'action : passer d'une politique de l'immigration à une politique de l'intégration. Faut-il y voir une confiance excessive dans la diffusi