On connaît les propos définitifs de Romano Prodi qualifiant de «stupide» le pacte de stabilité et critiquant l'application automatique de la règle restreignant le déficit public à 3 % du PIB national. Quel homme politique aura le courage d'en dire autant à propos de l'objectif d'inflation sous les 2 % que s'est donnée la BCE (Banque centrale européenne) ? Un très instructif rapport (1) apporte de nouveaux éléments au débat. Il montre que la BCE elle-même ne respecte pas cette règle, ce qui devrait quand même faire réfléchir. Plus précisément, il apparaît que la politique monétaire suivie par la BCE ne se limite pas à la seule prise en compte de l'objectif d'inflation, conformément au traité de Maastricht. Elle intègre également un objectif de stabilisation conjoncturelle, en transgression de l'article 105 de ce même traité qui donne la primauté absolue à l'objectif de stabilité des prix sur toute autre considération. Par exemple, en 2001, en raison du ralentissement de l'économie, la BCE «n'a pas durci sa politique monétaire comme la seule prise en compte de son objectif d'inflation l'aurait voulu et on ne peut guère l'en blâmer». Certes, il faut se féliciter de ces choix pertinents mais sans perdre de vue qu'ils ont été faits en violation des règles affichées.
Cela pose problème. Faut-il rappeler que le traité de Maastricht est censé faire loi ! La BCE est-elle libre de le transgresser ? En conséquence, le rapport montre que le comportement de la BCE ne diffère en rien quali