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Libération

Débandade des clercs

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publié le 27 novembre 2002 à 1h54

Ne parlons pas du fond, ne parlons que de la forme qui effaça tragiquement tout le sens des sorties télé de Frédéric Beigbeder et de Blandine Kriegel, en fin de semaine dernière. Clercs, au sens de «personne instruite, lettré» que donne au terme le dictionnaire, l'un et l'autre, en leurs qualités respectives d'éditeur et de philosophe, le sont assurément. De ces deux-là, confrontés à des déboires passagers, on était en droit d'attendre plus convaincante prestation, dont on ressortit accablé par ce qui fut ici et là signifié. Chez Beigbeder, contraint par Canal à mettre un terme à son Hypershow dont c'était la dernière, la mise en scène éculée d'une mise en bière du présentateur, telle lors de ces tristes manif' où s'enterre symboliquement un acquis social, sur des slogans rythmés par des marches funèbres ; puis, au finale, le remake épuisé du plan fixe giscardien sur chaise vide, avec sonore accompagnement de Marseillaise... Chez Kriegel, qu'Arrêt sur images invitait à parler violence sur France 5, pas mieux que le clavélien et antédiluvien «Messieurs les censeurs, Bonsoir !», en pathétique apostrophe... Alors apparut brutalement que ce que le pays d'en bas est invité par celui d'en haut à regarder comme des figures d'une «intelligentsia parisienne» ne dispose guère, pour donner corps à son propos, que de procédés misérablement publicitaires balayant pensées, idées et argumentaires. On sait ce qu'induit de vertigineuse régression la capitulation de l'intelligence. Que des «i