Qu'elles soient dispersées ou rassemblées dans l'espace urbain, les populations modestes ont toujours été considérées comme dangereuses. A cet égard, les sciences sociales apportent au débat relatif à la mixité sociale dans la ville un éclairage particulièrement détaché des intérêts locaux. La répartition dans l'espace urbain des différentes catégories sociales et ethniques est le résultat d'un processus complexe. Trois types de logique peuvent être distingués.
La première concerne l'impact sur la ville du développement économique qui découpe et hiérarchise le territoire. Très tôt, les lieux d'implantation des usines et de résidence des catégories populaires ont été dévalorisés, alors que les espaces les plus bourgeois se constituèrent comme les plus homogènes et les plus protégés.
La deuxième logique renvoie à la régulation institutionnelle au sens large. Les politiques publiques nationales ou locales interviennent directement, à travers la politique de la ville, du logement, de l'aménagement urbain, etc., ou indirectement, à travers les politiques de développement économique, d'aménagement du territoire, des transports et de gestion des services urbains. Le niveau et le type d'intervention de l'Etat dans tous ces domaines, en limitant ou contrôlant la logique du marché sur les différents aspects de la vie urbaine, conditionnent considérablement la formation d'espaces relégués.
La dernière logique, enfin, est moins souvent mentionnée mais non moins prégnante sur la production