Pour évoquer «les beaux cadeaux», entre ironie et déférence, les voix des ondes hésitent. A peine, ici et là, le rappel d'une polémique tombée du ciel, mais sans que l'expression «usé et vieilli» ne soit prononcée. En un tel jour, elle constituerait un outrage, car ce jour est un jour de gloire nationale, offrant au septuagénaire président, dans le même week-end de son anniversaire, le statut de «doyen» des chefs d'Etat de la vieille Europe, une finale de Coupe Davis (1) et une panthéonisation (2). Ce qui fait beaucoup pour un seul homme, et, considérant cet homme-là, confine à la débauche. Et les voix ne savent pas trop comment appréhender son destin quasi miraculeux de «sage», de champion ou de grand homme en lequel la Patrie se reconnaîtrait ? A moins que les trois à la fois...
Sa légende court, désormais, plus grande que lui. L'Express, glosant infiniment sur l'infinie culture d'un esthète qui se vanta longtemps d'être surtout féru de musique militaire, polit au pinceau de calligraphe chinois la geste d'un immense intellectuel. Tant de turpitudes, tant d'affaires, tant de trafics, et tout est digéré. Un escroc ? Allons ! A peine un filou... Pas un sifflet à Bercy, pas un couac à Sainte-Geneviève, pas une fausse note nulle part. Le Président est vert, le Président est serein, le Président est immortel. Etant bien établi que l'âge ne fait rien à l'affaire, les courtisans du premier cercle en rajoutent des brassées, avançant «à la blague» (mais sait-on jamais) l'hypothèse,