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Libération

Aux fous !

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publié le 3 décembre 2002 à 1h59

Consciencieusement, j'ai donc lu le bref Rappel à l'ordre de Daniel Lindenberg, cette Enquête sur les nouveaux réactionnaires qui fait bruire les salons. Je l'ai lu avec une candeur curieuse et intéressée, me découvrant ici en empathie avec l'auteur, là plus circonspect, parfois convaincu, parfois pas ­ bon, vous savez ce que c'est... Il m'a cependant semblé que quelque chose essayait de s'y dire, avec le souci constant de rester poli, et une volonté de convaincre dont le pamphlet s'encombre rarement. On en était là : des susceptibilités se rebiffaient, des tribunes s'échangeaient et un débat s'esquissait, à propos du national et du républicain, de la massification culturelle, de la démocratie et de ses paradoxes, tout ça... Pas de quoi fouetter un Finkielkraut, croyait-on. Eh bien, si ! Voyez l'Express, qui s'en étrangle. Et, toujours à la proue du combat pour la tolérance, met en branle son marteau-pilon pour écraser la mouche Lindenberg. Que le Manifeste pour une pensée libre (signé par quelques penseurs publics ébouriffés dans Rappel à l'ordre) soit publié par l'hebdo des anti-soixante-huitards forcenés va de soi. Tout en éructations sonores contre un Lindenberg qui, le pauvre, en sera le premier surpris, ce Manifeste tonne et braille tel un enfançon capricieux sans jamais se donner la peine de disputer. Une longue litanie d'insultes et la posture constante de martyrs d'un «totalitarisme» y tiennent lieu de foutraque argumentaire, mais penser, ce n'est pas ça. Et le tout