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Libération
TRIBUNE

Des bienfaits du barrage

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publié le 3 décembre 2002 à 1h59

Il y a une semaine, le gouvernement évitait in extremis un conflit des routiers. Grâce à un accord dans lequel Force ouvrière a joué un rôle majeur (Libération du 27 novembre), et qui a fait apparaître à quel point le syndicalisme français est, au fond, divisé. Mais le gouvernement ne s'est pas cantonné au rôle de «facilitateur» de négociations difficiles, selon l'expression de Jean-Pierre Raffarin. Chaque barrage mis en place lundi 25 novembre a reçu la visite des gendarmes et d'un représentant du préfet. Ils étaient munis d'une arme redoutable : la suppression du permis de conduire, pour entrave à la circulation. Ce qui, pour un chauffeur routier conduit tout simplement au chômage, puisque le permis est ni plus ni moins que l'instrument de travail des routiers.

Un délit inscrit au code de la route pour prévenir les accidents a donc été utilisé pour mettre fin à un conflit du travail, rétablissant une menace oubliée depuis 1864 (abrogation de la loi sur la coalition), et encore plus depuis 1946 (inscription du droit de grève dans la Constitution) : celle de la perte du travail pour des grévistes.

Certains applaudiront le «retour de l'autorité de l'Etat», puisque, pour la première fois depuis 1992, la menace de l'utilisation d'un arsenal répressif a permis de sauvegarder la liberté de circulation sur les routes, et, plus précisément, la liberté du commerce des marchandises, puisque les voitures particulières n'étaient pas concernées par les barrages filtrants. Un gouvernement