La chronique d'Esther Duflo a fait frémir ceux qui, comme nous, se battent depuis des années pour la mise sous antirétroviraux des personnes vivant avec le VIH/sida dans les pays en développement. Sous couvert de réflexion économique, celle-ci exhume la panoplie intégrale des prétextes brandis pendant des années pour éluder la question de la contribution financière des bailleurs internationaux et des pays riches à la lutte contre le sida et à la mise sous traitement des malades dans les pays pauvres. Ces prétextes ont pourtant, un à un, été balayés.
Celui du prix, tout d'abord. Les prix des traitements ARV ont énormément baissé, bien plus que le dit Esther Duflo, puisqu'un traitement générique coûte aujourd'hui environ 200 ou 300 dollars par an et par malade, ce qui a permis de faire baisser le prix d'un traitement de marque à 600 ou 700 dollars.
Le faux débat de la priorité, ensuite. Esther Duflo revient sur l'opposition entre la prévention et l'accès aux traitements dans les pays du Sud. Il y a quelques années encore, on opposait à la revendication de mise sous traitement des personnes atteintes l'impérieuse nécessité de faire de la prévention de la transmission du virus l'axe prioritaire de la lutte contre le sida. La promotion des actions de prévention partout dans le monde, et notamment de la prévention de la transmission du virus de la mère à l'enfant, est évidemment indispensable. Mais, aujourd'hui, personne ne peut décemment plus s'opposer a priori à la mise sous trait