La France est, selon deux rapports du Bureau international du travail (BIT, un organisme de l'ONU) en tête des pays avancés pour la violence au travail. L'Insee estime, pour sa part, que 7 millions de Français sont concernés. La médecine du travail évalue à plus de 90 % les médecins ayant eu connaissance d'au moins un cas de harcèlement au travail, et 21 % d'entre eux jugent ce phénomène fréquent. 97 % des victimes souffrent de complications morbides se traduisant par des insomnies, de l'anxiété, de la dépression, des troubles digestifs ou cutanés, etc.
L'époque est heureusement à dénoncer l'essor du harcèlement, mais les solutions avancées semblent se heurter... à la faiblesse de l'analyse. On veut croire que ce harcèlement serait le fait de «petits chefs» pervers ou de patrons obligés d'en user à cause des rigidités du droit du travail. Bref, on harcèlerait seulement les salariés dont on veut se débarrasser. Ce harcèlement pour exclure cache en fait une autre forme de harcèlement.
Le néocapitalisme peut très bien fonctionner sans harcèlement sexuel ou «petit chef» pervers, comme la famille peut exister sans violence. Il ne peut, en revanche, exister sans un harcèlement pour assimiler le personnel, car il constitue la fausse bonne solution inventée pour concilier l'inconciliable : la précarité avec l'implication au travail.
Il suffit pour s'en convaincre de suivre le parcours type d'un salarié moderne. Tout prouve que le patronat déploie une stratégie de harcèlement pour casse