Il y a un «discours sécuritaire» : on peut en démonter les ressorts, en élucider les racines idéologiques, montrer ses dangers. Mais il existe également une rhétorique antisécuritaire, avec son «prêt-à-penser», ses réflexes, ses signes de connivence, ses postulats. Le dernier congrès du Syndicat de la magistrature (SM) vient d'en rappeler les axiomes de base :
1) rien ne permet de dire que l'insécurité a augmenté : elle n'est qu'un prétexte ;
2) une bonne politique consiste à s'attaquer aux «causes» de l'insécurité ;
3) les «causes» étant les inégalités et la pauvreté, le seul remède possible est le changement social ;
4) les délinquants sont les acteurs inconscients d'une révolte contre un système injuste.
Toutes ces affirmations sont inexactes depuis longtemps. En 2007, elles seront encore fausses. Le compte à rebours a commencé : il reste un peu plus de quatre ans à la gauche pour se débarrasser de la sécuriphobie, machine infernale faite pour gonfler les rangs des sécuritaires et fabriquer ses défaites futures.
Oui, l'insécurité a augmenté. Il ne s'agit pas d'une «explosion», mais d'une hausse tendancielle, avec des pics et des ralentissements qui ne démentent pas la ligne générale de l'évolution. Il est faux de dire que la France est un «coupe-gorge». Il est tout aussi faux de nier que l'insécurité s'est étendue (depuis trente ans) et durcie (depuis une douzaine d'années). Différenciée selon les territoires, les catégories sociales, les générations, elle connaît un développem