En pleines pages de nos quotidiens, Madame la SNCF nous donna à lire ces jours-ci une bien étrange arithmétique. L'entreprise nationale y reprend l'épais pensum qu'elle avait exposé à la presse, le 2 décembre, pour établir que le montant de la «fraude» dont elle s'estime ou se prétend victime s'élèverait à 200 millions d'euros tout ronds ; soit, fait-elle valoir pour faire saliver le client, le coût de «la rénovation totale de 200 gares TGV, ou l'installation de 500 escaliers mécaniques». Mazette ! C'est beaucoup, en effet... C'est tant que c'en est même plus que le déficit de la maison : celui de 2001, mesuré à 176 millions, et aussi celui de 2002, qui s'annonce bonbon (156 millions pour le seul premier trimestre). Ainsi sommes-nous appelés, par simple conversion, à entendre ce message : sans resquilleurs cette engeance jeune qui épouvante si bien le pays sarkozyen , pas de déficit. Au risque de passer pour un «sécuriphobe» (lire Libération du 9 décembre), nous persisterons cependant à ne pas agréer à la rhétorique ni à l'arithmétique de la SNCF... Les «cinq nouvelles mesures», exclusivement répressives, qu'elle affiche (avec une morgue policière détonnante eu égard à sa raison d'être) prétendent faire accroire que c'est à coups de poursuites judiciaires systématiques et de doublement du montant de ses amendes qu'elle comblera ses déficits. Cette approche n'est pas «causaliste», comme on dit en sabir sécuritaire : à affirmer que «la fraude» s'élève à 200 millions d'euros
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