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Libération
TRIBUNE

Ici Pompidou, à vous Raffarin

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publié le 17 décembre 2002 à 2h10

La scène se tient à l'hôtel Matignon

Jean-Pierre Raffarin, bâillant sur un canapé

Hump, après la soupe à la graisse et la poule au colin, une petite sieste. Qui dort ne dîne pas. Enfin, je suis assez satisfait : j'ai entendu quelqu'un me nommer «le Pompidou du Poitou».

(Le spectre de Georges Pompidou apparaît dans un parfum de cigarette anglaise et d'art moderne.)

Le spectre de Pompidou, bonhomme

On pense encore à moi ? (A part) Ce n'est que justice. (Haut) Vous m'avez appelé, vous avez besoin de mon aide ?

Jean-Pierre Raffarin, endormi

Euh... certainement, monsieur le président de la République... Excusez-moi, je sors d'un banquet en Normandie. C'est la décentralisation : autant de régions, autant de banquets. La pente est dure et quand on mange trop, on mange trop.

Le spectre de Pompidou

Surtout pas ! Vous n'avez pas été sans remarquer que les hommes et les femmes politiques grossissent quand ils sont au pouvoir. Ils et elles ont raison. Enfin, je ne dis pas qu'on doive exagérer mais il faut une certaine rondeur pour être un bon Premier ministre, et surtout un bon candidat à la présidence de la République.

Jean-Pierre Raffarin, intéressé

Pourriez-vous m'expliquer, monsieur le Président ?

Le spectre de Pompidou

Nos concitoyens n'aiment pas les hommes politiques trop tranchants, trop coupants. Est-ce que l'on dit cela d'un gros ou d'un rond ? Réfléchissez, Raffarin, depuis la Libération, tous les présidents de la République ont été non pas gros mais arrondis, sauf Giscard, ce malheureux.