Depuis l'élection présidentielle en mars, les Congolais de la région sud du pays, principalement du Pool, connaissent à nouveau les horreurs de la guerre : chasse aux rebelles «ninjas», bombardements par hélicoptères, fuite des populations terrifiées dans les forêts ou vers Brazzaville (où on les parque dans des sites aux portes de la ville), viols, pillages, disparitions de jeunes gens, insécurité sur les routes, sur la voie du chemin de fer.
Toutes les écoles et les dispensaires, rouverts après la guerre de 1998, sont à nouveaux fermés : les enfants ne sont plus scolarisés, les malades sont abandonnés, les organismes humanitaires ne peuvent apporter leur aide pour cause d'insécurité. Un religieux spiritain, le père Guth, pris en otage pendant plusieurs mois, a été tué et vient allonger la liste trop longue des martyrs pour la paix au Congo. Plus aucune communauté religieuse, plus qu'une seule paroisse dans une région où, avant les guerres, on pouvait en compter des dizaines !
La peur, le désespoir, le silence des autorités politiques, paralysent les populations. Le malheur de ce peuple n'existe pas ! Ne dit-on pas que les bombardements relèvent de l'exagération, que la guerre du Pool est l'affaire de quelques groupuscules sans importance? Et cependant, des centaines de personnes meurent ou croupissent dans la misère. Comme l'a écrit un journaliste : «Il y a un Congo à plusieurs vitesses : ici on rit, là-bas on pleure.»
Malgré les interpellations de la Conférence épiscopale, d