Le 17 décembre, Libération consacrait son «événement» aux mauvaises conditions de travail dans les usines de jouets de Chine qui assurent les deux tiers de la production mondiale. A la une, pour illustrer ce Moyen Age social, la photo d'une ouvrière parmi d'autres dont on apprend qu'elle travaille de douze à seize heures par jour pour l'équivalent de 37 à 61 euros par mois. A quoi pense-t-elle, cette esclave ? A ce rythme-là et pour ce prix, sûrement à rien. Sinon qu'elle doit particulièrement se tenir à carreau, puisqu'on est en train de la photographier. La voilà donc sagement affairée à sa tâche qui, si on juge au résultat enchevêtré à ses côtés, consiste à peindre un petit drapeau britannique sur les fesses d'une poupée mâle en slip rouge. A sa place, on sait bien quel mauvais tour on tenterait de glisser dans le travail à la chaîne : calligraphié en tout petit sur le cul de l'Action Man, Fuck you ! ne doit pas nécessiter beaucoup d'idéogrammes. Mais ce n'est pas la peine de rêver par procuration puisque la vengeance est déjà à l'oeuvre dans cette image : la partouze homosexuée exhibée au premier rang offre déjà un spectacle que, n'en doutons pas, monsieur Christian Jacob, ministre de la Famille, n'aimerait pas mettre sous les yeux des enfants. Enfants qui pourtant n'ont pas attendu un ministre, fût-il de la famille, pour mettre en scène leurs jouets. La révolte des joujoux si magnifiquement illustrée en 1998 par Joe Dante dans son film Small Soldiers qui exhibait poupée
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