Menu
Libération

Morts pour la France, mais laquelle?

Article réservé aux abonnés
par
publié le 21 décembre 2002 à 2h13

En prenant le temps de flâner dans les jardins de l'Institut géographique national, je tombe en arrêt devant le monument aux morts de cette institution. Je me demande quels plaisantins ou bien quels artistes ont osé poser une plaque sans aucune date à la mémoire des morts pour la France.

Aucun chiffre sur cette plaque, ainsi aucun déchiffrement possible permettant aux générations futures passant par là de se souvenir pour quelle guerre et, par conséquent, pourquoi ils sont morts. Bref, évacuée la mémoire !

La causalité n'est cependant pas absente de l'intention de ces poseurs de plaque commémorative, puisque la seule cause lisible livrée est la défense de la France en tant que territoire. L'autre cause lisible de la mort est la hiérarchie, militaire ou non, ça, on ne le sait pas : «Morts en service commandé», est-il écrit, mais par qui ? Faut-il croire que les institutions géographique et militaire ne font qu'un ou bien que le commandement ne peut dévoiler son nom, quand il s'agit d'une mission de défense du territoire ? On nage en plein mystère, je vous l'annonçais. Et voilà bien une géographie sans Histoire.

Enfin des morts qui ne font pas d'histoires, ouf ! Ils se sont sacrifiés, on ne sait quand ni comment, avec beaucoup d'entrain et de panache, ça, les enfants n'en douteront pas, pour la France. Bien. Mais laquelle ? La France éternelle, bien entendu. Celle qui a un territoire, compté au millimètre près (faisons confiance pour cela aux hommes de science que sont nos géogra