On s'est beaucoup ému, en haut lieu, des difficultés rencontrées par les producteurs de fruits et légumes dans leurs négociations avec le secteur de la distribution, dominé par quelques grands groupes accusés d'imposer leurs conditions et d'appliquer des marges bénéficiaires plus que confortables. Mais personne ne semble s'être demandé pourquoi la distribution était à ce point concentrée en France, et pourquoi si peu de concurrents venaient entamer le quasi-monopole des enseignes historiques. Or le fait est qu'il existe de très fortes barrières à l'entrée sur ce secteur : depuis le vote en 1973 de la loi Royer (loi renforcée en 1996 par Jean-Pierre Raffarin, alors ministre du Commerce et de l'Artisanat de Juppé), toute ouverture de nouveaux magasins doit être approuvée par une commission départementale. Une étude récemment publiée par deux chercheurs vient justement de quantifier les dégâts causés depuis trente ans par ces dispositifs, qui étaient censés protéger les petits commerçants, et qui en pratique ont surtout eu pour impact de protéger les distributeurs déjà en place et de brider la diversité et la croissance de l'emploi dans ce secteur.
En prenant en compte l'ensemble des demandes d'autorisation de nouveaux magasins déposées entre 1975 et 1998, Marianne Bertrand et Francis Kramarz constatent tout d'abord que les départements qui se sont montrés les plus souples en terme d'autorisations ont vu leur emploi total dans le commerce croître plus vite. Autrement dit, les pe