Après la subsidiarité, la géométrie variable fait maintenant un malheur dans les argumentaires concernant la décentralisation et la construction européenne. Toute son ambiguïté réside dans le fait qu'elle est censée permettre le passage à la postmodernité territoriale tout en restant dans un univers lexical rationnel et cartésien.
La revendication de la géométrie variable en matière de construction européenne, d'une part, et de coopération intercommunale, d'autre part, suppose l'acceptation de la complexité territoriale et une volonté de l'accompagner et de la réguler. Ainsi, la géométrie variable invoquée pour les territoires de projet, qu'ils soient européens ou locaux, loin d'exclure la rénovation et la simplification du système des collectivités territoriales (de la commune à l'Europe), et de leur mode de représentation politique, la réclame et l'encourage. Mais les notables veillent et récupèrent, le thème de la géométrie variable est en passe de devenir le cheval de Troie des milieux conservateurs (lobby départementaliste et Sénat notamment), qui voient là un bon argument pour s'opposer à toute véritable réforme du système d'administration territoriale. Même dérive du côté de la construction européenne, la géométrie variable, couplée de manière incantatoire à la «souplesse», devient l'argument choc des tenants d'une vaste zone de libre-échange à la carte, sans noyau dur et non intégrée politiquement.
Avec une telle appropriation réactionnaire de la géométrie variable, on