Ces dernières années, je suis parti, en indépendant, à la découverte de pays et de populations parmi les plus misérables. J'ai décidé aujourd'hui que jamais plus je ne partirai dans les pays pauvres ; je ne voyagerai désormais que dans les pays membres de l'OCDE. En effet, l'autoportrait flatteur du routard, sac au dos, libre d'aller où bon lui semble, est trompeur. Il tient à se démarquer du touriste en voyage organisé qui suit un programme approuvé par contrat plusieurs mois auparavant, mais ce n'est pas ce qui les distingue le plus.
Le voyageur indépendant, jeune, est habillé cool (T-shirt et short long) et porte des sandales de Hollandais en vacances dans l'Ardèche. Le second a acheté chez Décathlon un ensemble baroudeur en coton beige clair avec une veste à douze poches. Il n'oublie jamais son chapeau. Le soir, il s'habille chic pour aller au restaurant.
Le premier, international dans l'âme, parle anglais avec ses clones rencontrés dans les guesthouses où il raconte ses aventures (d'un mortel ennui) aux plus novices. Jamais il ne s'adresse aux autochtones, sauf pour commander un repas ou une chambre. Le second parle sa langue maternelle avec les autres membres du groupe et avec le guide local qui explique souvent avec passion et savoir les particularités de son pays.
L'un et l'autre ont les mêmes appareils photo. Le touriste prend la photo que lui propose le guide tandis que le voyageur indépendant cherche à saisir la réalité pittoresque du pays. Il aime particulièreme