En 2002, le prix Nobel d’économie a été décerné conjointement à l’économiste Vernon Smith et au psychologue Daniel Kahneman. Pour un observateur non averti, l’alliance de ces deux disciplines peut sembler aller de soi. Après tout, n’est-il pas naturel que l’économie et la psychologie se trouvent associées puisque toutes deux étudient le comportement humain ? Pourtant, il n’en est rien. La théorie économique moderne s’est construite radicalement à l’écart de la psychologie, comme elle s’est construite à l’écart des autres sciences sociales et humaines. Cela tient à l’étrangeté de son hypothèse fondatrice : celle d’un individu mû exclusivement par la rationalité mise au service de son seul intérêt personnel. On reconnaît là le fameux Homo oeconomicus, être sans psyché, sans croyance et sans appartenance sociale. Toute l’oeuvre de Daniel Kahneman a consisté à montrer combien cette hypothèse est erronée. De ce point de vue, c’est un hérétique que l’Académie suédoise a récompensé. Sa recherche milite pour une théorie économique moins centrée sur la seule virtuosité mathématique car plus ouverte aux dimensions humaine et sociale. Parmi les très nombreux résultats qu’il a obtenus, retenons l’idée que les individus raisonnent le plus souvent de manière comparative et non absolue comme le voudrait la pure rationalité. Pour le comprendre, imaginez que vous soyez sur le point d’acheter un lecteur de CD pour 500 euros et qu’un ami vous indique qu’on trouve ce même appareil pour 495 euro
Le renfort du psychologique
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par André ORLEAN
publié le 30 décembre 2002 à 2h17
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