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Libération

Ici Charlemagne, à vous Giscard

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publié le 31 décembre 2002 à 2h17

Valéry Giscard d'Estaing somnole dans le train Paris-Bruxelles.

Valéry Giscard d'Estaing

Oui, l'an deux mille trois marquera ma victoire,

L'Europe va quitter sa longue préhistoire

Et ses peuples unis par ma Constitution

M'encenseront d'avoir accompli ma mission.

Mais puis-je en rester là, sitôt ma tâche faite

Vais-je me retirer comme un ancien prophète

Qui partait au désert ? Aurais-je préparé

Pour de vils concurrents un trône si doré ?

Président de l'Europe, ah, ce titre m'inspire !

Mais avecque Prodi, voilà que tout empire...

(Au mot d'empire, le spectre de Charlemagne apparaît en armure dans un âcre relent de peaux tannées.)

Valéry Giscard d'Estaing, à part

Sapristi, quelle odeur ! (Haut) Tiens, bonjour mon cousin,

Aix-la-Chapelle ici vous a fait mon voisin ?

Le spectre de Charlemagne, offusqué

Comment cela, cousin ? Je crains que l'on me berne,

Je suis un prince franc et toi bourgeois arverne.

Mais je puis, si tu veux, te nommer chevalier.

Valéry Giscard d'Estaing, vexé

Vous ne dites cela qu'afin de m'humilier ?

Je fus roi des Français ! Sans que je fanfaronne

Mon cimier d'apparat portait une couronne.

Le spectre de Charlemagne

Mais tu fus détrôné, je le vois à ton front

Et encore aujourd'hui tu veux laver l'affront.

Laissons tomber cela. De Prague à la Bretagne

Tu rêves d'un empire aux airs de Charlemagne ?

Valéry Giscard d'Estaing

J'ai pensé, mon cousin, que c'était mon devoir

De rendre à notre Europe un très ancien pouvoir.

Le spectre de Charlemagne

A-t-on bien effacé la fracture imbécile

Qui dans mon