Valéry Giscard d'Estaing somnole dans le train Paris-Bruxelles.
Valéry Giscard d'Estaing
Oui, l'an deux mille trois marquera ma victoire,
L'Europe va quitter sa longue préhistoire
Et ses peuples unis par ma Constitution
M'encenseront d'avoir accompli ma mission.
Mais puis-je en rester là, sitôt ma tâche faite
Vais-je me retirer comme un ancien prophète
Qui partait au désert ? Aurais-je préparé
Pour de vils concurrents un trône si doré ?
Président de l'Europe, ah, ce titre m'inspire !
Mais avecque Prodi, voilà que tout empire...
(Au mot d'empire, le spectre de Charlemagne apparaît en armure dans un âcre relent de peaux tannées.)
Valéry Giscard d'Estaing, à part
Sapristi, quelle odeur ! (Haut) Tiens, bonjour mon cousin,
Aix-la-Chapelle ici vous a fait mon voisin ?
Le spectre de Charlemagne, offusqué
Comment cela, cousin ? Je crains que l'on me berne,
Je suis un prince franc et toi bourgeois arverne.
Mais je puis, si tu veux, te nommer chevalier.
Valéry Giscard d'Estaing, vexé
Vous ne dites cela qu'afin de m'humilier ?
Je fus roi des Français ! Sans que je fanfaronne
Mon cimier d'apparat portait une couronne.
Le spectre de Charlemagne
Mais tu fus détrôné, je le vois à ton front
Et encore aujourd'hui tu veux laver l'affront.
Laissons tomber cela. De Prague à la Bretagne
Tu rêves d'un empire aux airs de Charlemagne ?
Valéry Giscard d'Estaing
J'ai pensé, mon cousin, que c'était mon devoir
De rendre à notre Europe un très ancien pouvoir.
Le spectre de Charlemagne
A-t-on bien effacé la fracture imbécile
Qui dans mon