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Libération
TRIBUNE

Un crime contre l'humanité

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publié le 2 janvier 2003 à 21h36

L'annonce, vraie ou fallacieuse, de la naissance du premier bébé cloné a soulevé une légitime indignation de la communauté internationale, unie dans la condamnation de ce que l'on pourrait appeler un crime contre l'humanité, car c'est en réalité bien de cela qu'il s'agit. Si toute prise de conscience est bonne à prendre et si les citoyens peuvent espérer qu'il en sortira, enfin, une réglementation internationale condamnant, sans aucune dérogation, le clonage reproductif et permettant la sanction pénale inévitable de ceux qui chercheront à se soustraire à cette interdiction, qu'il s'agisse des parents, des médecins ou des intermédiaires, cette seule mesure n'est pas suffisante, car elle ne cherche qu'à corriger tardivement les effets d'une évolution, sans s'attaquer à ses causes.

La première cause est à rechercher dans la marchandisation de la vie, sous toutes ses formes, qui s'est notamment traduite par la brevetabilité du vivant admise par l'Europe. Une décision prise sous la pression des chercheurs, des laboratoires et des agrosemenciers qui arguaient de l'impossibilité de rivaliser avec les Etats-Unis dont la Cour suprême avait admis, à une voix de majorité, voici vingt ans, la brevetabilité du vivant. Dès lors que le vivant végétal et animal est brevetable, l'humain est dans la ligne de mire. L'hypocrisie consistant à interdire le brevet direct mais à permettre le brevet sur la cellule ou le gène modifié ne trompe évidemment personne et sûrement pas les promoteurs des OGM